"La plume est la langue de la pensée"
Miguel de Cervantes Saavedra

31/10/2015

dans l'oeil du cyclope


Tes cheveux blonds comme l'épée ont brûlé vif le sujet, coupé la corde au cou attachée à un bouquet de ballons s'élevant vers les cieux comme une averse tombe à terre, tranché le fil de ma pensée, le lien de raison. Nerfs cataleptiques, sectionnés au culte du mouvement. Moi, je marchais, funambule sur la corde raide de l'amour, suspendu au-dessus de l'abîme des plaisirs. Mise en scène ou en abyme, on s'abîme et on s'aime.

Tes yeux bleus, deux cyclones ! m'ont lancé en l'air en un éclair, comme une pièce en écho au hasard. C'est pile j'm'efface ; c'est face j'm'épile. Je m'élevais dans la cornée d'abondance, des cônes et des bâtonnets en fétus de paille dans l’œil du cyclope. Tranchés, le globe oculaire ! Tranché... La dépression m'a craché sous ma tombe du 7e ciel, maintenant je repose 6 pieds sous terre et m'exprime en vers et contre tout, à tort et à travers.

Ta peau de sable fin abrite mile criques qui s'ouvrent sur les pores où font naufrage les bateaux ivres, où j'ai jeté l'encre, où j'ai échoué. J'ai retourné la plage avant de tourner la page et traversé les déserts de pierres brûlantes recuits au soleil des nuits humaines. J'ai gravi tes seins comme une chevauchée de champs de blés, j'ai cavalé dans ta forêt au feuillage doré, mes pieds vouvoyaient la terre pour mieux tutoyer les nuages.

Dans la grotte humide de ton sexe j'ai goûté à l'un des sens, le 6e caché cul pardessus tête, j'suis à l'ouest, propre comme un sou neuf. J'ai mis l'doigt sur le point j'ai mis le poing sur les i... dont les dés sont jetés! L’ascension des sens se fait sans raison mais pas sans sentiment. Je suis nu comme un ver sur le tapis rouge. Les jeux sont faits et divins. Rien ne va plus. Un sort est fait au 69, de fait c'est le 96 qui sort. La bête à deux dos n'est plus au bout de la nuit qu'une créature à deux ventres repus de plaisir, deux amants qui se tournent le dos sans s'faire la tête, qui se disent au revoir sans plus se voir.

21/10/2015

Petites pièces poétiques


Ma muse y a perdu des plumes, mais elle vole en corps et encore...




 L'amour a éclos
Jolie bulle d'été indien,
L'automne l'explose.
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Deux bourgeons au dos
Ailes de l'amour naissant,
L'oiseau vient libre.
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Mon doigt est en toi
Chaleur moite de l'été,
L'tactil fait écran.


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Je voudrais courir là
Où toussent les chrysanthèmes.
Je voudrais mourir là
Où poussent les cris sans thème.
Je voudrais pourrir là
Où moussent les crises antiennes.
Je voudrais nourrir là
Où sourcent les tristes antennes.
Je voudrais sourire là
Où jouissent les mises en scène.

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j'peux plus jeter ton nom en pâture à mon âme,
seul au combat dans l'arène de cœur d'ma dame,
corps à corps, encore! mais l'cœur à cœur désarme.

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Cet été qui était

Ludi tu as été, une comète dans mon ciel d'été,
Ce bel été n'est plus, en ce début d'automne, qu'un était.
Moi je rêvais un peu trop fort, de nous conjuguer au futur,
Le présent nous étant interdit et le passé trop présent, un mur.
Présent imparfait quand déjà je rêvais de futur, neuf années à l'antérieur.
Un passé si vite décomposé en devenirs à titre indicatif, l'ailleurs.

Puis le passé a traversé le temps, tu étais là, une présence,
Un présent dissolvant le passé dans le tumulte de l'indécence.
J'ai ouvert les fenêtres de mon âme sur l'à venir, œil sur la cible,
Mais les nuages amoncelaient leur grisaille sur le chant des possibles,
Quand d'un geste délicat, tu as tiré le rideau sur la psyché du futur
Déjà loin d'être simple, le présent étant bien plus que parfait, un matin pur.

Tout n'est plus aujourd'hui que subjonctif, paumé entre passé et présent,
Un amour condamné en liberté conditionnel, un présent très plaisant,
Pour moi insuffisant. Aimer, comme être, ne se conjuguent vraiment qu'au pluriel.
Toi et moi peut être Nous, un Vous tout désigné, un Ils, entité tierce et impersonnelle,
Un On, pluriel à la conjugaison singulière, première personne d'un pluriel deux fois singulier.
Nos singularités, si bien désaccordées, c'est au rythme heurté de nos vies qu'elles ont du mal à s'accorder.

Je hais c'problème de concordance des temps,
Qui en nos corps danse, détend, nous l'espace et l'étend,
Laisse passer le temps dans le trou d'ver, sous le pont d'envie,
Ce manquement à l'accord à corps sur les sens dilués à l'eau d'vie.

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Nous pensons voir,
mais nous ne faisons que regarder la surface;
Nous croyons écouter,
mais nous ne faisons qu'entendre la rumeur;
Nous souhaitons sentir,
mais nous ne faisons que renifler la morgue;
Nous imaginons toucher,
mais nous ne faisons qu'effleurer l'autre;
Nous présumons savourer,
mais nous ne faisons que goûter au plaisir;

Nous désirons aimer,
mais nous ne faisons que nous accoupler;
Nous espérons réfléchir,
mais nous ne faisons jamais qu'y penser;
Nous nous sentons vivre,
mais nous ne faisons que sous-vivre.