"La plume est la langue de la pensée"
Miguel de Cervantes Saavedra

25/02/2011

No es país para los héroes



Dans des articles précédents j'avais évoqué les assassinats de Josefina Reyes et de son frère quelques mois plus tard... La famille Reyes continue d'être victime de la folie meurtrière qui fait rage au Mexique. Je vous propose ici la traduction d'un article de la Jornada intitulé "No es país para los héroes". Cet article a été écrit avant que ne soit retrouvés les corps sans vie de Elias Reyes Salazar, sa femme Luisa Ornelas, et sa sœur Malena Reyes Salazar. Je mets donc en complément la vidéo d'El diario Tv et le lien vers l'article d'El diario dont elle est tirée et qui revient aussi sur ce triple meurtre.






Non, ce pays n'est pas pour les héros

Víctor M. Quintana S. (traduction SR)


Que faire d'autre que de paraphraser une nouvelle fois Cormac McCarthy, cet excellent conteur de la frontière. Ce qu'il y a, au moins à Chihuahua et dans une bonne partie du nord, c'est que ce pays n'est pas pour les héros... et encore moins pour les héroïnes.
Le lundi 7 février, alors que Chihuahua se remettait à peine de la vague de froid, ont été enlevés par un commando, près du village du Millon qui fait partie de la municipalité de Guadalupe dans la vallée de Juarez, Elias Reyes Salazar, sa femme Luisa Ornelas, et sa sœur Malena Reyes Salazar. Ce sont le frère et la sœur de Josefina Reyes Salazar, femme de courage, activiste sociale, défenseuse des droits de l'Homme en ces contrées qui vivent sous la terreur. En plus de son militantisme de gauche déjà ancien, Josefina avait dédié ses dernières années à dénoncer les abus des forces fédérales envers les habitants de sa commune et à l'encontre de ses propres enfants. En 2009 l'un d'eux fut tué, Julio Reyes. Elle-même fut assassinée au début du mois de janvier de 2010. Il semblait que la saignée des assassins devait prendre fin ici, mais non, puisqu'en août de l'année dernière fut abattue son frère Ruben Reyes Salazar. Et maintenant c'est la disparition forcée de Elias, qui souffre d'hémiplégie, de sa femme Luisa, qui a de graves problèmes de mobilité des jambes, et sa sœur Malena qui a des rhumatismes arthritiques avancé. Quelqu'un a décidé l'extermination de la famille Reyes, pour avoir haussé la voix en défense des droits des gens. Une attaque de plus: dans la nuit du mardi 15 a été incendiée la maison de la maman des Reyes, Sara Salazar, femme de combats, qui en 1998 avait marché depuis El Paso jusqu'à Sierra Blanca au Texas, avec la caravane qui parvint à empêcher l'installation d'une décharge de déchets nucléaires dans la localité.
Le mardi 8 ce fut le tour du "héros de Chihuahua", Alvaro Sandoval Diaz. Là-bas, dans sa Palmeraie isolée, port à la frontière avec Colombus, il a affronté plusieurs sicaires le 23 janvier dernier venus pour lui et sa famille car ils n'avaient pas réglé "la note". Il les repoussa et tua trois d'entre-eux. Mais le 8 février ils revinrent pour lui et l'ont abattu, lui et sa femme Griselda Pedroza Rocha, malgré la surveillance policière.

C'est ainsi que se répètent les cas de ces véritables héros et héroïnes d'une guerre qu'ils n'ont pas déclarée mais qu'ils subissent dans la chair de leurs proches et qu'ils finissent par payer de leur vie. Avant-hier à peine, cela faisait deux mois que Marisela Escobedo avait été assassinée devant le Palais du gouverneur de Chihuahua, elle qui réclamait la fin de l'impunité de Sergio Barraza, fiancé et assassin de sa fille, Ruby Frayre. Ce fut le cas aussi le 7 juillet 2009 avec les meurtres de Benjamin Le Baron et de son beau-frère Luis Widmar à Galeana. Benjie avait mené la forte mobilisation de sa communauté jusqu'à obtenir la libération de son frère Eric, enlevé en mai de cette même année, puis il devint le dirigeant de l'organisation d'autodéfense de son village et de l'organisation d'autres communautés.
C'est pour cela que ceux qui ont le courage de dénoncer ou de se défendre sont toujours moins nombreux. Ce n'est pas facile d'être un héros ou une héroïne quand on a des bouches à nourrir, une famille à éduquer. Quand on risque sa propre vie mais aussi celle de ses proches. Les sicaires peuvent être repoussés, mais leurs renforts ou leurs successeurs reviennent toujours, plus cruels, plus dangereux. Les policiers ou les militaires coupables d'abus peuvent être dénoncés, mais il y a toujours un appel téléphonique anonyme qui demande à celui qui dénonce d'arrêter "de se bouger", de cesser de chercher le disparu, de ne plus dénoncer ceux qui en uniforme sèment la mort.

La guerre qui nous est imposée tue beaucoup de gens, mais elle veut aussi en finir avec des attitudes et des caractères. Elle veut remplacer la confiance et l'entraide mutuelle en tant que critères de base de la relation à l'autre par l'isolement et la peur. Elle souhaite éteindre toute étincelle de valeur civique et d'altruisme. Elle essaie de supprimer la capacité d'indignation, par une abdication total au pouvoir des armes qu'il soit légitime ou illégitime. Elle veut castrer l'origine psychique et social de la capacité de rébellion.

L'état qui s'éclipse quand il devrait défendre les citoyens et les criminels qu'il prétend combattre coïncident pourtant en un point: les uns et les autres cherchent à imposer au peuple le silence. Le silence des innocents, le silence des agneaux qui se laissent mener à l'abattoir sans rien dire, pour continuer dans les paraphrases.
Toutefois, les héros, les héroïnes peuvent être exténués, décimés, ils ne sont pas anéantis. Aujourd'hui même, Marisela, une autre Reyes, en est à son 9e jour de grève de la faim à Juarez. Ce même jour, des activistes, des défenseurs des droits de l'Homme se réunissent, travaillent, manifestent, se rebellent, pour que ce pays continue d'être un lieu pour les héros et les héroïnes.

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No es país para los héroes
Víctor M. Quintana S.

No hay más remedio que volver a parafrasear a Cormac McCarthy, el excelente narrador de la frontera. Lo que pasa es que al menos en Chihuahua, y buena parte del norte, este no es un país para héroes… ni mucho menos para heroínas.

El lunes 7 de febrero, cuando apenas se recuperaba Chihuahua de la emergencia por el frío, fueron levantados por un comando cerca del poblado El Millón, municipio de Guadalupe, en el valle de Juárez, Elías Reyes Salazar, su esposa Luisa Ornelas y la hermana de aquél, Malena Reyes Salazar. Son hermano y hermana de Josefina Reyes Salazar, valerosa mujer, activista social, defensora de los derechos humanos en aquella aterrorizada región. Además de su militancia añeja de izquierda, Josefina dedicó sus últimos años a denunciar los atropellos de las fuerzas federales contra los habitantes de su comunidad y contra sus propios hijos. En 2009 le mataron a uno de ellos, Julio Reyes. Ella misma fue asesinada a principios de enero de 2010. Parecía que ahí terminaría la saña de los asesinos, pero no, pues en agosto del año pasado ultimaron a su hermano Rubén Reyes Salazar. Y ahora viene la desaparición forzada de Elías, quien padece hemiplejia, de su esposa Luisa, con graves problemas de movilidad en sus piernas, y su hermana Malena, con artritis reumatoide avanzada. Alguien ha decidido exterminar a la familia Reyes, por el hecho de alzar la voz para defender los derechos de la gente. Un ataque más: la noche del martes 15 incendiaron la casa de la mamá de los Reyes, doña Sara Salazar, mujer de lucha, quien en 1998 caminó de El Paso a Sierra Blanca, Texas, con la caravana que logró evitar la instalación del basurero nuclear junto a este poblado.

El martes 8 fue el turno del héroe de Chihuahua, Álvaro Sandoval Díaz. Allá en su perdido Palomas, puerto fronterizo con Columbus, el 23 de enero se enfrentó a varios sicarios que venían por él y su familia por no pagarles la cuota. Los repelió y ultimó a tres de ellos. Pero el 8 de febrero volvieron por él y lo asesinaron a tiros junto con su esposa Griselda Pedroza Rocha, pese a la vigilancia de elementos de la policía estatal.

Así se han ido repitiendo los casos de los verdaderos héroes y heroínas de una guerra que ellos no declararon pero que sufrieron en carne de los suyos y terminaron pagando con su vida. Apenas anteayer se cumplieron dos meses del feminicidio, frente al palacio de gobierno de Chihuahua, de Marisela Escobedo, quien reclamaba el fin de la impunidad para Sergio Barraza, pareja y feminicida de su hija, Ruby Frayre.

Así fueron asesinados el 7 de julio de 2009 Benjamín Le Baron y su cuñado Luis Widmar en Galeana. Benjie condujo la gallarda movilización de su comunidad hasta lograr la liberación de su hermano Eric, secuestrado en mayo de ese año, y luego se convirtió en el dirigente de la organización de su pueblo para autodefenderse y organizar otros poblados.

Por eso cada vez son menos quienes tienen la valentía de denunciar o defenderse. No es fácil ser héroe o heroína cuando se tienen bocas que alimentar, familia que educar. Cuando se pone en riesgo la propia vida pero también la de los seres queridos. Los sicarios podrán ser repelidos, pero sus refuerzos o sus sustitutos siempre vuelven, más crueles, más letales. Los policías o los militares que abusan podrán ser denunciados, pero nunca falta una misteriosa llamada por teléfono pidiendo a quien denuncia “… que ya no le mueva”, que dejen de buscar al desaparecido, que dejen de acusar al que trajo la muerte con uniforme.

La guerra que se nos está imponiendo mata mucha gente, pero también quiere matar actitudes y disposiciones. Quiere suplir la confianza y la mutua ayuda como criterios básicos de la relación con los otros para suplirlos por el aislamiento y el miedo. Quiere apagar todo asomo de valor civil y altruismo. Intenta suprimir la capacidad de indignación, por una abdicación total al poder de las armas ilegítimas o legitimadas. Quiere castrar el origen síquico y social de la capacidad de rebelarse.

En una cosa coinciden el Estado que se eclipsa cuando de defender a la ciudadanía se trata y los criminales que dice combatir: uno y otros buscan imponer a la población el silencio. El silencio de los inocentes, el silencio de los corderos que se dejan matar sin chistar, para seguir con las paráfrasis.

Sin embargo, las heroínas, los héroes, estarán fatigados, diezmados, pero no aniquilados. Hoy mismo, Marisela, otra de las Reyes, cumple 9 días de huelga de hambre en Juárez. Hoy mismo activistas y defensoras y defensores de derechos humanos se reúnen, trabajan, se manifiestan, se rebelan, para que en este país siga habiendo lugar para héroes y heroínas.

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